Simplicité et culture populaire

Cela pourra paraître étonnant mais nous choisissons ici de publier une chanson qu’entonnait Georges Brassens, dans les années 80 et qui n’était pas de lui. Les paroles de cette java étaient, en effet, de Marc Hely. L’auteur lui-même l’avait composée en 1930, sur une musique de José Jekyll. Plus tard, en 1934, le texte serait repris et sa musique arrangée par Francis Salabert pour le film « A la Varenne ». (voir l’oeuvre de Marc Hely sur le site de la BnF )

À l’époque de cette composition, Brassens était encore tout jeune. Il décida pourtant d’enregistrer cette chansonnette un peu désuète, aux côtés de vingt-six autres, dans un double album de 1982 intitulé : « Georges Brassens chante les chansons de sa jeunesse ». Même si elle n’est pas de lui, il y souffle un esprit qui accompagna Brassens tout au long de sa vie : un goût certain pour la simplicité et les plaisirs populaires en matière culturelle. C’était une période où art et culture populaires n’était pas des gros mots. De nos jours, l’exercice s’est quelquefois teinté d’un certain mépris de classe assez détestable. Brassens, lui, savait d’où il venait. Il ne l’a jamais renié mais plus encore il l’a revendiqué. Dans tout cela, il y avait aussi chez lui une moquerie « gentillette » (car l’homme avait du cœur), pour toute forme de snobisme déplacé. On retrouve ça chez Brel à la même époque.

Alors pourquoi ce choix de chanson ici ? D’abord parce que c’est Brassens. Si un espace culturel lui emprunte son nom, on peut espérer qu’il prenne un peu, aussi, de son esprit. Ensuite, parce que, entre les lignes, cette chanson reprise par le talentueux troubadour semble se prêter, particulièrement, aux circonstances.

Loin des Casinos, du snobisme et des rupins

Loin des loisirs bourgeois et rupins, l’auteur y préfère les petites guinguettes et les endroits simples et populaires. Il se moque, au passage, de Deauville et de son Casino où, nous dit-il, les rupins vont se faire plumer. Dans la foulée, le Casino de Monaco en prend aussi pour son grade. Dans les années 30, comme aujourd’hui, il était déjà un endroit très apprécié des gens fortunés qui y descendaient pour des vacances ou une fin de semaine. Bien sûr, de nos jours, le Casino n’est plus réservé aux classes aisées et c’est un fait que ce type de divertissement s’est popularisé. Il s’est ouvert sur d’autres publics, sans parler de tous ceux qui jouent dans des casinos en ligne. De nos jours, les joueurs n’ont même plus besoin de se rendre dans des endroits huppés même si, il faut le préciser, la législation en cette matière n’est pas la même partout (en savoir plus sur casinosenligne.net )

Mais vous l’avez compris, c’est plutôt sur le fond que nous avons choisi cette chanson. Comment faire d’un espace culturel, un lieu qui sache rester populaire et qui ne tourne pas le dos à sa réalité sociale ? Comment créer à la fois une programmation, mais aussi une atmosphère qui sache proposer une culture conviviale et de tous les visages ? C’est un vrai défi. Et s’il ne viendrait plus à l’idée de personne, à notre époque, d’utiliser le mot « négros » pour parler des grands musiciens de Jazz noir-américains qui venaient, dans les années 30, donner de superbes concerts à Monaco (l’usage de ce mot n’était alors pas le même que celui qu’il est devenu), comme dans cette Varenne, remise au goût du jour par Brassens, il n’y a pas toujours pas de Casinos à Mantes-la-Jolie. Alors, de notre côté, dans le contexte de la ville et de son Espace Brassens, nous formons le vœu qu’il continue de souffler sur l’endroit un esprit de camaraderie mais aussi une politique d’ouverture qui sache mettre les événements à portée de toutes les différences et de tous les budgets.

Extraits des paroles de la chanson À la Varenne

Les bourgeois rupins
Ceux qu’ont les moyens
S’en vont l’été s’faire plumer à Deauville.
Quand on n’a pas l’sou
On va n’importe où
Où ça coûte pas des prix fous.
Car à mon avis,
C’est pas pour bibi
Les endroits où l’on fait des chichis.

Moi, j’ai mon golf et mon bateau,
Ma plage et mon casino
À la Varenne.
Moi, je n’vais pas avec les gros
À Dinard à Saint-Malo
Fair’ des fredaines.
Moi, dans un bar à gigolos,
Payer vingt balles un sirop,
Ça m’frait d’la peine
Moi, j’préfèr’ un p’tit caboulot
Où qu’on boit du picolo
Au bord de l’eau.

(…) Moi, j’ai mon golf et mon bateau,
Ma plage et mon casino
À la Varenne
Moi, j’y connais des dactylos
Qui sont plus chouettes en maillot
Que bien des mondaines.
Moi, dans un bar à gigolos,
Payer vingt balles un sirop,
Ça m’ferait d’la peine
Moi, j’préfère un p’tit caboulot
Où qu’on boit du picolo
Au bord de l’eau.

Album : Georges Brassens Chante Les Chansons De Sa Jeunesse …

Fermer le menu